La voix de son maître...
Lors de notre dernière chine, dans un coin, une boite fermée m’a intriguée, en assez mauvais état, avec des manques dans la moleskine et de nombreuses traces de rouille sur les ferrures, mais ce qu’elle avait à l’intérieur m’a suffisamment enthousiasmée pour que je passe outre sa piteuse allure...
Et c’est avec une immense joie qu’après quelques heures de travail , patient décrassage, dérouillage des parties métalliques à la paille de fer extra-fine, cirage de la boite, ré-argenture de la manivelle et de la fermeture, remontage de l’équerre d’ouverture du couvercle, j’ai pu installer et faire fonctionner mon ... Gramophone !
Car c’est bien d’un gramophone “La voix de son maître” qu’il s’agit. Je n’ai pas de souvenir personnel de cet appareil, bien que mon père en ait possédé un, mon frère me l’a confirmé et lui s’en souvient, mais lorsque j’étais enfant, Maman écoutait encore des 78 tours. Elle était fan d’opérettes qu’elle avait vues pour la plupart avec sa grand-mère à Paris et j’étais plus familiarisée avec La belle-Hélène(1864), La vie parisienne(1866), La Périchole(1868) , La fille de Madame Angot(1872), Les mousquetaires au couvent(1880), Véronique(1898), Là-haut et le Pays du sourire(1923), L’auberge du cheval blanc (1930) et les voix de Maurice Chevalier, Georges Thill ou du célèbre couple Marcel Merkès et Paulette Merval qu’avec les musiques et chanteurs en vogue dans les années 60...Et ce sont tous ces souvenirs qui ont resurgi, un pan joyeux de mon enfance car nous entonnions souvent à tue-tête nos airs préférés au moment le plus inattendu ou dans les lieux les plus insolites...
Le petit chien au gramophone, sans doute le logo le plus connu et célèbre du monde ! Francis Barraud, peintre anglais(1856-1924) avait recueilli Nipper, le petit chien de son frère après le décès de celui-ci ainsi qu’un phonographe avec de nombreux enregistrements de sa voix. Un jour qu’il avait mis en marche l’appareil il remarqua l’intérêt manifesté par l’animal qui semblait reconnaitre... la voix de son maître. Il en fit un tableau dont le directeur de la Compagnie du gramophone de Londres acquit les droits et c’est ainsi que le petit chien eut la destinée que l’on sait...L’étiquette est assez abîmée mais suffisamment lisible pour attester de son origine....
Le gramophone-valise fut produit en grande quantité entre 1920 et 1950 et fut un très grand succès populaire. Henri, mon beau-père m’a raconté qu’il était chargé de remonter la manivelle lorsqu’il était enfant et que les adultes poussaient les meubles pour danser au son du gramophone...Il a trouvé place chez moi sous le vieil évier du salon juste à côté du portrait de Maman, posé sur une boite qui en le rehaussant, permet à la manivelle de fonctionner...
Juste à côté un piège à guêpes éclairé d’une guirlande, une jolie idée de Marie et à droite, deux merveilleux volumes reliés en cuir de La mode Parisienne de 1893 et 1894 que je vous ouvrirai un jour si vous le souhaitez ainsi que deux cintres anciens trouvés derrière les volets, l’un nettoyé et simplement ciré pour mettre en valeur la jolie veinure de son bois et l’autre en bois plus ordinaire, blanchi avec la base gris foncé. Chacun a reçu un petit cabochon émaillé chiffré...
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Envie d’un peu de nostalgie ou pour les plus jeunes de découvrir une de ces chansons désuètes et le son très particulier de cet instrument ? alors cliquez pour démarrer l’enregistrement ...